L’atlas parisien

Fortifications du XVIe siècle aux frontières de la christianité

Avec une contribution de Gregorio Angelini et de Giuseppe Carlone

Traduction Françoise Lenoir

« … Pour les vice-royaumes de Naples et de Sicile, étroitement liés du point de vue politique, économique et stratégique à la possession de Tunis, c’étaient là des années d’effervescence. Le sud de l’Italie et La Goulette voyaient se croiser leurs destins, puisqu’ils représentaient les derniers bastions de la résistance contre les turcs barbaresques. Bien sûr, les fortifications italiennes et les fortifications tunisiennes avaient envisagé la  même stratégie, à savoir freiner simplement la pression ottomane, cultivée à Madrid ; il ne s’agissait donc pas d’une politique agressive face à la Sublime Porte (vu les intérêts espagnols qui visaient la Méditerranée occidentale et les nouvelles routes transatlantiques). Dans cette logique, contrôler l’avancée des ottomans en Occident voulait dire tout d’abord entretenir et renforcer les défenses des villes et des côtes…
Peu à peu, le paysage du littoral changea. Les conséquences – directes ou indirectes, en tout cas concrètes et évidentes – de la menace ottomane entraînèrent la construction de forteresses dans les villes et de dizaines de tours sur la côte…  Le chapelet de grosses tours complétait les  forts bâtis sur des avancées rocheuses pénétrant dans les flots. Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, dans le vice-royaume de Naples, en Sicile, à Malte et dans les présides magrébins, on vit se dessiner un front militarisé sur terre et sur les rivages, le long duquel se trouvèrent insérées de manière stratégique les places fortes de Pescara, Vieste, Manfredonia, Barletta, Trani, Bisceglie, Molfetta, Giovinazzo, Bari, Mola, Polignano a Mare, Monopoli, Brindisi, Otrante, Gallipoli, Tarente et La Goulette :  toutes ces places fortes sont citées dans l’Atlas parisien…
The Italian and the Tunisian fortifications were evidently functional to the same strategy of pure containment of Ottoman pressure, which was pursued by Madrid instead of an aggressive policy towards the Sublime Porte (considering the Spanish interests in the western Mediterranean and the new trans-Atlantic routes). In this logic, to contain the advance of the Crescent into the West meant, primarily, to fortify and maintain the defences of the cities and the shores.… Gradually, the coastal landscape changed. The consequences – whether direct or indirect, and in any case concretely noticeable – of the Ottoman threat produced fortresses in the cities, alternated with dozens of coastal towers... This rosary of towers was mixed with strongholds that stood on rocks that protruded into the seas. In this manner, a militarized front line across land and sea was established in the viceroyalty of Naples, in Sicily, in Malta and in the outposts in the Maghreb in the second half of the 16th century, along which there were, strategically placed, the fortresses of Pescara, Vieste, Manfredonia, Barletta, Trani, Bisceglie, Molfetta, Giovinazzo, Bari, Mola, Polignano a Mare, Monopoli, Brindisi, Otranto, Gallipoli, Taranto and La Goulette: exactly the ones that are included in the Parisian Atlas…”.